Le port de Calais était à l’origine une baie à l’embouchure de la rivière de Hames et de celle de Guînes.
Il fut amélioré au Xe siècle par ordre de Baudouin IV, comte de Flandre,
qui fit construire le vieux Bassin du Paradis.
En 1189, Richard Cœur de Lion y débarqua pour partir en Croisades…
En 1366, Calais est sous domination anglaise, et ces derniers y installent une étape pour le transit de la laine entre l’Angleterre et la Flandre. Pour faire face au développement des échanges commerciaux, les Anglais construisent en 1397 le Grand Paradis et réparent le petit Paradis. Ce dernier, désormais appelé Bassin du Paradis, situé face à la Chambre de Commerce et d’Industrie, est le seul vestige de l’ancien port du Moyen-Âge encore utilisé de nos jours par les petits bateaux de pêche.
Par la suite, et à différentes reprises, on éleva des forts pour défendre le port contre les attaques de l’ennemi. Le plus ancien, et en même temps le plus important, qui a résisté aux siècles, est le Fort Risban. Henri VIII fit construire deux écluses et un nouveau quai en 1553, à la fin de la domination britannique.
Entre 1834 et 1839, sous l’impulsion de la Chambre de Commerce,
un nouvel élan est donné au port de Calais avec la construction du bassin Ouest, bassin à flot protégé par une écluse.
Le Canal de Saint-Omer est ainsi relié à la mer. Un peu plus tard, un nouveau phare est construit, il sera mis en service en 1848, l’année même où les premiers trains de voyageurs arrivent à Calais. Un embarcadère et une gare maritime leur permettent de monter à bord des paquebots vers l’Angleterre.
Le port s’agrandit encore en 1879, avec le creusement d’un nouveau bassin à flot, le bassin Carnot. Quelques années plus tard, en 1883, la CCI de Calais devient le concessionnaire de l’Outillage Public du port. Elle lance la construction d’une cale de radoub au fond du bassin Carnot et un grand chantier de reconstruction de la jetée Est. Cette jetée abrite l’avant-port et permet alors le développement du trafic passagers sur ce nouveau site.
En 1928, le capitaine Stuart Townsend crée la première ligne de transport de voiture entre la Grande-Bretagne et la France sur la ligne Calais-Douvres avec le navire « Artificer ». Les véhicules étaient alors grutés dans le navire, mais le trafic se développa néanmoins rapidement.
Après-guerre, de grosses remises en état du port sont réalisées.
La première passerelle simple-pont (le poste 3), capable d’accueillir les navires en mode Roro, est mise en service le 27 juin 1951, ouvrant la voie aux « car-ferries » modernes dans lesquels les voyageurs peuvent embarquer en conduisant leur véhicule. Ces ferries ne cesseront de se développer, en nombre et en taille. Une nouvelle gare maritime est mise en service en 1956, deux nouvelles passerelles de même type sont construites en 1966 et 1972.
La première ligne commerciale d’aéroglisseurs, démarre en 1966 vers Douvres. Les hovercrafts étaient propulsés par des turbines fonctionnant au kérosène. Cette activité perdurera jusqu’en 2000, mais ne pourra survivre à l’explosion du coût de ce carburant.
C’est en 1975 qu’une nouvelle innovation va révolutionner le transmanche, avec le poste 5 et sa première passerelle double-pont.
Des ferries spécifiques sont construits par les armements pour s’adapter à ce nouvel équipement. Le poste 3 et le poste 4 sont adaptés sur ce modèle en 1979 et 1980. Une nouvelle capitainerie, toujours active à ce jour, surplombe ces équipements.
En 1984, le port de Calais débute ce qui constituera
sa plus grande mutation avant Calais Port 2015.
Les travaux commencent par la construction de la jetée Est, qui sera inaugurée en 1986, permettant le début des travaux du port Est. Juste après la mise en service du poste ferry n°6, en 1987, débutent les travaux du nouveau bassin en Eau Profonde, futur bassin Président Henri Ravisse. Celui-ci est mis en eau en février 1990, peu avant la mise en service du poste 7. Équipé de 4 grues Caillard de 40T à 22m, l’activité commerciale du bassin débute le 25 septembre 1990.
En 1991, c’est l’autoroute qui rejoint directement le port sur 2x2 voies grâce à la rocade Est.
La considérable augmentation des capacités du transmanche entraîne un début de concentration du trafic vers l’Angleterre sur Calais. Ce trafic se diversifie avec le démarrage en 1991 de lignes rapides desservies par des catamarans venus épauler les hovercrafts sur ce segment du marché. Les activités du port de commerce se développent également avec notamment la création d’un terminal sucrier au port Est en 1995. En 2000, c’est un quai de chargement de câbles sous-marins, directement relié à l’usine au Sud du port, qui entre en service dans le nouveau bassin.
Côté Transmanche, le dernier train quittera la gare maritime le 21 janvier 1995, laissant la place aux voyageurs motorisés ou piétons.
L’attrait du Duty-free fait exploser les trafics qui dépasseront
les 20 millions de passagers en 1997.
Le port s’adapte en inaugurant un nouveau poste ferry (le P8) en 1995, et réaménageant toute sa plateforme pour faciliter les flux de véhicules entre 1996 et 1998.
Le début des années 2000, s’il voit la fin du duty-free et la baisse du trafic passagers piétons qu’elle entraîne, est également l’année du décollage des trafics de camions, portés par l’ouverture du Tunnel en 1994 et la concentration des flux que ce dernier aura amenée sur Calais. C’est l’heure des grands ferries de 185 m de long et 28 m de large : SeaFrance Rodin et Berlioz, P&O Pride of Canterbury et Pride of Kent.
Le port continuera alors à investir pour améliorer son infrastructure, notamment à partir de 2007, quand la Région Nord Pas de Calais en devient propriétaire, tout en travaillant à préparer le port du 21ème siècle avec le projet Calais Port 2015. En 2004, il construit une nouvelle passerelle RoRo pour diversifier ses trafics, en 2006, il inaugure le poste 9 du terminal ferry. De 2006 à 2009, il aménage 20 ha de terre-pleins portuaires au port Est, puis y construit une double voie ferrée de 1000 m en 2011. Ses efforts dans le domaine environnemental lui permettent d’être certifié ECOPORTS cette même année.
Les nouveaux navires de P&O ferries, la génération « Spirit » de 213 m de long et 32 m de large, arrivent au port en 2010 et 2012, nécessitant d’accroître les capacités des postes 7, 8 et 9.
Le port actuel touche à ses limites spatiales, et le projet Calais Port 2015 est définitivement sur les rails quand, en 2015, est inauguré un équipement innovant unique dans un port Européen : un terminal d’autoroute ferroviaire.
Le retour d’une intense activité ferroviaire à Calais,
comme un lien entre son passé et ses projets d’avenir.